Les manuscrits des Visiones Georgii dans la bibliothèque de l’abbaye d’Altzella. La réception des visions de Georgius, fils de Grissaphan chez les cisterciens

  • Eszter Nagy ELTE - EHESS

Résumé

La présente étude, fondée sur ma thèse soutenue en 2018, vise à analyser le contexte de conservation de deux manuscrits latins des Visiones Georgii (Ms 832 et Ms 841 de la BU de Leipzig), récit datant du milieu du 14e siècle qui relate le voyage de Georgius, chevalier de Louis Ier de Hongrie au Purgatoire de Saint Patrick. Les copies faisant partie auparavant de la collection de l’abbaye cistercienne d’Altzella en Saxe, ont été choisies en raison de leur rôle primordiale au sein du corpus de l’ouvrage : c’est grâce à elles que l’identification de l’auteur (Petrus de Paternis) est devenue possible. Pour mieux comprendre comment les Visiones Georgii ont été lues et interprétées par leurs lecteurs cisterciens, il faut contextualiser leur usage. Ainsi, c’est dans ce but que l’étude présente d’abord l’histoire de l’abbaye et de ses bibliothèques, mettant en lumière le fait qu’à partir du 16e siècle, la communauté possédait au moins deux collections avec des fonctions complémentaires : une bibliothèque à pupitres fut destinée à des études approfondies, tandis qu’une autre collection plus modeste comprenait plutôt des ouvrages servant les besoins internes de la vie monastique. Les lieux de conservation des manuscrits peuvent être identifiés grâce aux catalogues de la bibliothèque à pupitre et aussi d’un inventaire fait à l’occasion de la confiscation des collections en 1541. Sur la base de ces documents, on peut déterminer que le Ms 841 fut enchaîné au pupitre J avec d’autres ouvrages visionnaires et des écrits d’auteurs cisterciens. En revanche, le Ms 832 faisait probablement partie de la « petite bibliothèque » de la communauté et était utilisé pour la méditation privée, sinon pour une lecture publique, ce qu’expliquerait son format élégant et soigné. Ensuite, l’analyse du contenu du Ms 841 nous permet de déduire que le codex était probablement destiné à l’introduction des novices et des jeunes moines dans la vie monastique. Pour conclure, on peut constater que l’étude de l’usage des livres au sein de l’abbaye d’Altzella révèle une attitude très souple des habitants du monastère envers les livres, ce qui se manifestait dans leur mobilité, y compris les changements des lieux de conservation, mais aussi dans leur contenu très riche, reflétant un pragmatisme peu respectueux des principes strictes de l’édition.

Publiée
2020-10-24
Rubrique
Tanulmányok