Pic de la Mirandole et l’humanisme hongrois

Étude de cas éclairant la question de l’humanisme monacal

  • Sándor Lázs

Résumé

Dans l’usage des couvents des religieuses du Royaume de Hongrie, le latin a été progressivement remplacé, grâce aux réformes monacales de la fin du 15e siècle, par la langue vernaculaire. Les lectures vernaculaires des soeurs ont été assorties par les moines ayant fait des études aux universités étrangères, munis d’une culture en partie humaniste. Un tas d’historiens s’est penché sur cette forme particulière d’érudition, parfois au prix d’accorder un sens trop large au concept d’humanisme – étant donné que la langue vernaculaire et l’écriture bastarda (utilisée dans les couvents) ne reflètent pas forcément la culture humaniste. Dans les codex monacaux de langue vernaculaire l’on ne trouve qu’un seul point de repère digne de notre attention.
Dans la dédicace en langue latine du Codex de Presbourg (1520), l’on retrouve une ôlocution de Pic de la Mirandole : summus arcitectus Deus, puisé dans son Oratio de hominis dignitate. Le scripteur inconnu – son nom avait été gratté – commence le passage par lui copié par une capitale de type humaniste, dont on ne trouve pas d’exemplaires en d’autres manuscrits monacaux. L’on pourrait penser qu’il s’agit d’un scripteur de culture humaniste, mais il convient de souligner qu’il n’a pas puisé directement en Pico della Mirandola : la locution de l’humaniste a été citée, à l’occasion de
l’inauguration de l’année scolaire du Gymnasium Romanum, par le recteur, Iulius Simon Siculus. A participé à cet événement illustre un étudiant hongrois que le préposé des prémontrés hongrois avait envoyé à Rome, pour y poursuivre des études en droit. Cet étudiant n’est autre qu’Ignác Farkas Bessei, qui plus tard allait publier (avec une dédicace adressée à Ferenc Fegyverneki, prévôt de Ság) le discours en question : Oratio de inventione artium liberalium Romae in die Sancti Lucae in templo divi Eustachii habita per Siculum (Romae, 1516). Cette publication a sans doute résonné dans l’entourage du prevôt. Dans la suite, Farkas Bessei fut nommé notaire royal, mais, contrairement aux attentes, l’écriture des diplômes qu’il a préparés ne correspond point au ductus de la dédicace du Codex de Pozsony – il s’agit sans doute de deux scripteurs différents.

Publiée
2024-02-05
Rubrique
Tanulmányok