Supplément á l’étude des sources des illustrations de l’édition de 1581 des Rervm Vngaricarvm Decades par Antonio Bonfini

  • Júlia Papp HUN-REN Magyar Kutatási Hálózat, Bölcsészettudományi Kutatóközpont Művészettörténeti Intézet

Résumé

Dans une étude précédente, l’auteure a identifié les antécédents des illustrations de l’édition allemande (par Sigmund Feyerabend, 1581) de la chronique d’Antonio Bonfini. Elle les a retrouvés dans les volumes publiés par Feyerabend même, dans les années 1560/70. Pourtant, certaines des illustrations en question se rencontrent déjà dans les livres publiés par l’augsbourgeois Heinrich Steiner dans les années 1530/1540. La plupart des antécédents de l’édition de Bonfini parue en 1581 sont puisés dans deux publications par Steiner : l’ouvrage historique présentant la vie et les faits illustres de Georges Castriote, composé par l’historien albanais Marin Barleti (5 antécédents) ; la chronique de Veit Traut, publiée en 1543, qui donne la biographie des sultans ottomans jusqu’à Soliman Ier (5 antécédents).

Or, la source d’une des illustrations de l’édition de 1581 n’est pas un ouvrage historique, mais un traité de philosophie morale – l’édition allemande établie par Steiner en 1532 des De remediis utriusque fortunae de Pétrarque. L’objectif de Feyerabend a été de produire une sorte de véracité picturale : pour y arriver, il a réuni pour l’édition de Bonfini un tas d’images dont les sujets correspondent plus ou moins aux extraits illustrés. Par exemple, le chapitre intitulé Arrivée au port tant convoitée du volume de Pétrarque est illustré par une image représentant une nacelle près d’embarquer et une foule rassemblée pour l’accueillir. Cette illustration convient à merveille au passage de Bonfini narrant le voyage en barque de Sainte Ursule et des ses consoeurs et l’accueil leur réservé au port.

Dans les publications de Steiner l’on trouve un tas de gravures à thématique turque : ces illustrations relèvent de la propagande anti-ottomane de l’époque. La plus connue de ces illustrations – qu’on peut consulter dans l’édition de 1532 de Pétrarque – représente des soldats turcs enturbannés qui sont en train d’assassiner, sur la place principale d’une ville, la population locale. Cette même gravure se rencontre également dans d’autres publications de Heinrich Steiner, par exemple dans une édition des ouvrages de Thucydide.

A coté de l’image ’diabolique’ des Ottomans, il existe également une représentation plus objective et réaliste des Turcs : cette dernière remonte sans doute aux comptes-rendus qui traitent des coutumes, des vêtements ou de la vie quotidienne et familiale de ces adversaires de la chrétienté. Les illustrations des publications préparées par Steiner – il s’agit des relations de voyages orientaux – appartiennent à cette tradition picturale ’réaliste’.

Publiée
2024-02-05
Rubrique
Tanulmányok